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» » LE SENS DE LA FÊTE
jeudi 04 avril 2024

Mercredi 3 Avril 2024

Eric Péron et l’ULTIM ADAGIO sur l'ARKEA ULTIM CHALLENGE - Brest

Le sens de la fête

 

 

Eric Péron n’avait sans doute pas calculé son coup mais en arrivant à Brest en plein milieu d’un mercredi après-midi sous un soleil printanier, tous les ingrédients étaient réunis pour que l’ultime arrivée de ce tour du monde soit une grande fête. Elle le fût assurément, jusque tard dans la nuit brestoise… Un instant suspendu qui le reste trois semaines plus tard et sur lequel nous revenons aujourd’hui à l’occasion de son anniversaire !

 

Le public brestois ne s’y était pas trompé. Celui qui avait élu domicile dans leur port dès le mois d’octobre dernier pour préparer son ULTIM ADAGIO méritait un sacré coup de chapeau. Après 66 jours et une heure de solitude, Eric Péron ouvrait grand les yeux devant plusieurs milliers de supporters massés sur le quai surplombant son trimaran à marée basse. Les olas pouvaient s’enchaîner, les feux à main rougir un peu plus les yeux d’Eric et le champagne couler à flot. Après avoir répondu aux premières questions de Serge Herbin, le skipper accueillait sur le trampoline de l’ULTIM ADAGIO ceux qu’il appelle les « quatre fantastiques», ces quatre marins qui l’ont précédé : Charles Caudrelier, Thomas Coville, Armel Le Cléac’h et Anthony Marchand. Ces quatre-là ne voulaient pas rater la belle photo de famille et partageront à jamais d’avoir été de cette grande première autour du monde en trimaran ULTIM.

 

La remontée vers la scène bien orchestrée au son du « Don’t stop me now » de Queen ajoutait encore un peu d’émotion à ces retrouvailles. On croisait ça et là quelques têtes connues, et beaucoup d’enthousiasme anonyme. Un petit garçon avait préparé sa pancarte comme pour une manif’ : « Bravo Eric, tu as osé et tu as réussi » ! Voilà qui résumait bien le tour du monde de l’ULTIM ADAGIO que célébraient équipe, proches, partenaires et élus pour une ultime ola sur la scène.

 

 

Morceaux choisis des premières déclarations d’un skipper comblé.

 

 

Boucler la boucle

 

« Avec toute l’équipe et mes partenaires, on voulait être au départ, on y a cru, on a bossé d’arrache pied, c’était une première victoire. J’aime bien dire qu’avant de partir autour du monde, j’avais un petit Everest à franchir ! Ensuite, il fallait boucler la boucle. C’est chose faite, ce n’était pas sans peine et on a fait tout ça pour prendre notre shoot d’adrénaline, là maintenant. Si le quai était vide, ça n’aurait pas la même saveur. Merci à tous ! »

 

 

Le plaisir

 

« Il faut se poser la question : où est le plaisir ?! Ce sont des bateaux durs, je comprends maintenant pourquoi les autres mettent des foils, parce que passer au-dessus de la mer, c’est ce qu’il y a de plus intelligent.

Dès le départ, tu as une boule au ventre et elle reste là tout le temps car le stress est toujours là sur ces bateaux. Je me suis rendu compte seulement en franchissant la ligne d’arrivée que cette boule était partie.

Il y a quand même des moments beaux. Je ne me plains pas. J’ai signé pour vivre ça et quand c’était dur, je pensais aux gens qui souffrent vraiment. Et là, je me disais c’est toi qui a choisi de te mettre en difficulté, tu n'as pas le droit de te plaindre. Vis le moment présent et c’est tout ! C’est aussi comme ça que petit à petit, jour après jour, l’aventure s’est construite. »

 

 

La peur

 

« Il y a eu quelques moments clés dans ce tour du monde, dont le premier front. Une petite anecdote. Quatre jours après le départ, je passe le front qui a fait pas mal de dégâts. Et derrière, il y a pas mal de petits grains mais ça va. Les conditions sont musclées avec 4 à 5 mètres de mer, mais je suis toilé raisonnablement. Je pars me reposer et là, sur la vitre qui jouxte la bannette, j’entends la pluie qui tombe. Ça veut dire que la vitre est bien à l’horizontale et en fait, j’ai juste le temps de sauter dans le cockpit, de choquer en catastrophe. J’ai cru que l’aventure s’arrêtait là. Le trimaran est monté jusqu’à 48 degrés de gîte. Je me suis planqué à l’intérieur au cas où ça chavire et le bateau est finalement revenu. J’ai mis deux jours à reborder la grand-voile. On est passé de 100% de la polaire à 55% et je n’ai repris le bateau en mains en performant que petit à petit. »

 

 

La casse

 

« On a eu notre lot d’avaries, cette casse du système de barre qui nous a obligé à nous arrêter en Afrique du Sud, et puis pas mal de bricoles. On bricole beaucoup en course au large, c’est un sport mécanique. Il faut avoir l'œil. Ça passe par l’entretien, des petites rondes, arrêter le bateau pour aller vérifier des endroits qui ne sont pas accessibles. Je suis très content d’arriver avec le bateau en bon état aujourd’hui. »

 

 

La performance

 

« Si j’avais eu plus de temps, j’aurais sans doute été plus serein sur le matériel. Mais à part ce capital confiance, ça n’aurait pas changé grand-chose en termes de performances à l’arrivée. Evidemment, on aurait été plus à même avec David Lanier mon routeur de positionner finement le curseur dans les moments chauds. Là, on est toujours allé au plus simple et David a dû être un peu frustré. Mais au fur et à mesure, on a appris sur ce qu’on pouvait faire avec ce bateau et on a affiné les choses. J’ai rêvé d’avoir des foils bien sûr. Surtout au début, lorsque je voyais les premiers 15 nœuds plus rapides. Chaque heure qui passe, ils te mettent 15 milles. Il faut être un peu costaud dans sa tête pour subir ça. Je le savais avant le départ. Sans foils, ça tape. Sur un bateau archimédien, la vitesse est complètement liée à l’état de la mer. J’aurais aimé plus jouer avec les autres, mais l’important c’était d’être à l’arrivée. »

 

 

Le club des cinq

 

« Thomas (Coville) dit un truc à la Jean-Claude Van Damme : « Je sais que tu sais que je sais ! » C’est très dur de raconter ce que l’on vit à bord. J’ai essayé de faire le maximum de vidéos. Je m’étais donné ça comme mission : partager. C’est tout le paradoxe du solitaire. On part tous seuls sur ces machines géantes et tout ce qu’on veut, c’est partager ça avec vous !

Je garderai ce souvenir des quatre fantastiques qui montent sur mon bateau. Ça me fait quelque chose et ça restera gravé dans ma mémoire. Quand on commence la voile, on est dans un club, on rencontre du monde, c’est tout un écosystème dans lequel on évolue très longtemps. Nos carrières sont très longues et du coup, les gens qui pratiquaient déjà la course au large quand j’étais en Optimist, un jour, je les ai retrouvées sur une ligne de départ. Ce sont des concurrents, mais aussi des collègues, on se retrouve parfois dans les mêmes teams. J’ai fait un tour du monde avec Charles, j’ai navigué avec Armel, j’ai régaté contre Anthony et celui qui m’a fait rêvé quand j’étais gosse, c’est Thomas Coville avec ses tours du monde. C’est de sa faute si je suis là aujourd’hui ! »

 

 

Trois semaine plus tard : le temps du repos et de la réflexion

 

« C’était chouette de célébrer dans la foulée avec les partenaires dans des moments privilégiés. Cinq jours après l’arrivée j'étais en haut de la montagne de Verbier à contempler la chaîne des Alpes. Le contraste était saisissant. L’adrénaline a permis de faire la fête et de célébrer tout ça avec nos partenaires à Paris avec Adagio, à Genève avec Alpina et à Brest avec le French Touch Oceans Club. Ça a été tellement intense et physiquement éprouvant que je n’ai pas encore de souvenirs. Aujourd'hui, l’aventure sportive est passée et il faut poursuivre l’aventure entrepreneuriale. Je remercie toute mon équipe et mes partenaires qui ont porté ce projet avec moi, de près ou de loin. On ne remerciera jamais assez toutes les personnes qui ont été impliquées dans cette aventure, il n’y aurait pas assez de place pour toutes les citer. J’ai encore du mal à réaliser que j’ai fait ce tour du monde en solitaire à bord de l’ULTIM ADAGIO. Mais toutes les personnes qui m’ont aidé dès le début de ce projet sont là pour me faire réaliser l’ampleur de ce qu’on a accompli ensemble et je les remercie toutes. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
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