Voilà trente-six heures que l’alizé de Nord propulse à plus de 20 nœuds de moyenne l’ULTIM ADAGIO. Une trace nette plein Sud, ponctuée d’un petit empannage hier soir pour bien calibrer le point d’entrée dans le Pot au Noir, prochain chapitre du tour du monde d’Eric Péron. « Ce sont des conditions idylliques, 15-20 nœuds de vent sur une mer assez plate. Ça va vite ! C’est pour ça qu’on fait tout ça ! », s’exclamait le skipper dans une vidéo ce matin, « heureux de voir la carte du monde défiler » à belle vitesse après le contournement laborieux de l’archipel du Cap Vert.
Repoussés très au Sud, les alizés de l’hémisphère Nord n’auront donc pas duré très longtemps puisque dès cette fin d’après-midi, l’ULTIM ADAGIO va faire son entrée dans le Pot au Noir, comme l’explique David Lanier, le routeur d’Eric : « Le vent va faiblir et tourner graduellement. Il aura encore 10-15 nœuds jusqu’en fin d’après-midi puis le vent va passer Est et autour de 5 degrés de latitude Nord. On pourra dire alors que le bateau est rentré dans la zone ».
Cette zone de convergence des alizés des deux hémisphères est toujours crainte par les marins, pour ses phénomènes orageux et ses grains parfois violents, jamais simple à gérer en solitaire sur un multicoque de 32 mètres qui porte toute sa toile en se présentant en bordure de gros cumulo-nimbus. D’autres nuages sont plus vaches encore, lorsque sous une pluie diluvienne, le vent s’évapore complètement, laissant les skippers impuissants parfois de longues heures.
Bref, dans ce tout ou rien, il faut savoir se frayer son chemin et avoir un peu de réussite. C’est le sixième Pot au Noir de la carrière d’Eric Péron, le premier de David Lanier : « C’est motivant, c’est sûr, atteste le Normand. Je vais veiller aux grains derrière l’écran, regarder les cellules orageuses sur les photos satellites dont la résolution a fait d’énormes progrès. Mais ce sera aussi à Eric de sentir les choses, de jouer avec le vent pour ne jamais s’arrêter ».
Une nuit active à laquelle s’est bien préparé le skipper de l’ULTIM ADAGIO qui devrait bénéficier d’un Pot au Noir peu orageux grâce au décalage assez Ouest du bateau. Sur les modèles, le trimaran devrait toujours conserver un peu d’air pour ressortir de la zone entre 1 et 2 degrés de latitude Nord. Un tronçon de 200 milles qui, s’il se déroule bien, laissera Éric faire son entrée dans l’hémisphère Sud demain mercredi pour entamer une nouvelle tranche rapide au reaching dans l’alizé de Sud Est.
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