Dimanche 18 Février

ARKEA ULTIM CHALLENGE - BREST

LE GRAND NULLE PART

A bord de l’ULTIM ADAGIO, Eric Péron a franchi cette nuit la longitude du point Némo. Le scientifique qui a calculé mathématiquement sa position le désigne comme le « pôle maritime d’inaccessibilité ». Disons tout simplement que c'est le point le plus isolé du globe ! Il est situé au beau milieu de l’océan Pacifique Sud par 48°52’ de latitude sud et 123° 23’ de longitude ouest.

A bord de l’ULTIM ADAGIO, Eric Péron a franchi cette nuit la longitude du point Némo. Le scientifique qui a calculé mathématiquement sa position le désigne comme le « pôle maritime d’inaccessibilité ». Disons tout simplement que c'est le point le plus isolé du globe ! Il est situé au beau milieu de l’océan Pacifique Sud par 48°52’ de latitude sud et 123° 23’ de longitude ouest.

Toujours proche de la limite des glaces où il va enchaîner les empannages pour rester sur l’avant d’une belle dépression qui le propulse à plus de 23 noeuds de moyenne, le grand trimaran rouge et blanc a croisé cette longitude en fin de nuit, à un peu moins de 300 milles dans le sud de Némo.

Un isolement qui rendait Eric philosophe dans les derniers messages envoyés à son équipe cette fin de semaine : « L'horizon à 360°, pas de relief au loin. Pas d'ombres ou d'abris où se protéger. Seulement le relief des vagues, partout et nulle part à la fois. Du clapotis entre deux vaguelettes, formé par le souffle du vent de la veille, de cette vague qui croise la grande houle née de la pression exercée sur cette surface liquide. Tous ces mouvements façonnent le décor de ce royaume du bleu à chaque instant remplacé. C’est ce qui rend ce voyage divertissant mais épuisant, puisque toujours en mouvement. Il devient impossible de poser son regard sur une vague sans qu’elle ne change d'apparence une seconde plus tard ».

Accroché à la main courante de son habitacle, un oeil sur les cristaux liquides des compteurs qui s’agitent au rythme des ruades du trimaran, le temps passe lentement et le marin cherche à capter l’instant, y poser des mots, éduquer sa mémoire : « Ici tout est éphémère, poursuit Eric. Beaucoup de choses se ressemblent mais elles ne sont jamais identiques. C'est le royaume du bleu avec d’ innombrables nuances possibles. La carte de ce royaume n'existe que dans nos souvenirs. Chacun son moment, chacun sa carte. C'est peut être pour cela que lorsqu’on me demande « alors le Pacifique ? l'Indien? c'est comment ? », j’ai du mal à répondre avec précision. Car la vision que j'en avais, celle que j’ai lue, entendue de la bouche d'autres marins qui ont l'air de vouloir se mettre d'accord sur une version, ne colle pas avec la mienne. Alors que je ne trouve pas les mots pour la décrire et que je réponds parce qu'il faut bien donner une réponse, je me demande si j'ai bien regardé, observé. Suis-je capable de répondre quelque chose avec autant de simplicité ? Probablement pas … »

Et l’ARKEA ULTIM CHALLENGE - Brest dans tout ça ?! Alors que le leader Charles Caudrelier a fait son retour dans l’hémisphère Nord, Eric Péron continue de grappiller des milles sur son concurrent direct Anthony Marchand, distant de quelques 600 milles. Une grosse journée de mer, alors que les deux marins pourraient atteindre le cap Horn mardi ou mercredi prochain pour goûter eux aussi au réconfort de l’Atlantique…

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