L'ESPRIT GLISSE
Si vous avez deux heures devant vous, lancez Eric Peron sur les sports de glisse : il est I-N-T-A-R-I-S-S-A-B-L-E ! Le truc qu'il aime par-dessus tout c'est le surf. On avait deux heures, Eric était là, bref, on a parlé surf !
On se fait une interview Wind Mag ?
Ça commence où cette passion ? J'ai commencé à aller à l'eau avec mes copains d'école et de bac à sable, ici, dans la baie d'Audierne. On a tout essayé : dériveurs, planche à voile, kite, wing, surf, paddle, etc… J'ai 41 ans, j'ai toujours les mêmes potes et on continue à tout tester. On est ce qu'on appelle des watermens en anglais : on adore jouer sur et dans l’océan, qu'importe le support en fait ; on choisit selon les conditions. L'essentiel, c'est de se retrouver et de partager de bons moments. On aime tous découvrir de nouvelles sensations, sans forcément être dans l'excellence du geste, c'est le partage qui prime : faire une belle session et en discuter pendant des heures après… |
Ta préférence, à toi ?
Le surf de grosses vagues, c'est excitant en partie parce que c'est impressionnant et dangereux. Ma technique, c'est ce que j'appelle "l'approche par le bas" (un peu comme en trimaran d'ailleurs) : tu ne vas pas aller te mettre au carton tout de suite, tu y vas tranquillement parce que le risque est trop important, la moindre faute peut coûter cher. Il faut y aller pas à pas, observer, bien lire le spot, se positionner, analyser tous les risques et être lucide aussi sur ton état de fatigue. C'est comme en course au large, tu gères ton énergie suivant la manœuvre qu'il y a à effectuer.
Il y a quelques années, j'avais même acheté un jet ski avec un pote. Le surf tracté [le tow-in] c'est vraiment une approche différente, mais au final, cette activité, motorisée, perdait l'essence même de ce que j'aime dans le surf : que ce soit simple, que je prenne ma planche et que j'aille surfer. |
Ta plus belle session ?
Ce n'est pas la plus grosse vague que j'ai surfée mais elle est mythique : C'est Belharra !
On ne va pas s'emballer, c'était un petit Belharra. On était une dizaine dans l'eau. J'avais essayé de ramer sur 2 ou 3 vagues sans vraiment réussir à partir. Et en fin de session, j'ai réussi à prendre une vague. Une fois que tu es dessus, que tu as l'avalanche d'environ 10 mètres à ta droite qui fait un bruit monstrueux, tu te dis : "là, vraiment, faut pas que je tombe" ! Ça dure 20 à 25 secondes, c'est un énorme shoot d'adrénaline et tu voudrais tout de suite en prendre un autre mais, après, il n'y a jamais eu d'autre vagues, c'était la dernière de la journée.
J'ai eu la chance de parcourir le monde et de surfer sur pas mal de vagues autour de la planète. En gros, là où la voile m'amène, je vais surfer : Californie, Costa Rica, Hawaï… Je suis aussi allé en Patagonie sur le bateau Maewan avec les garçons de "Lost in the Swell" : on a surfé une vague, loin de tout, perdue au milieu de nulle part, à 300 km de toute habitation. Je pense qu'on est peut-être 5 dans le monde à l'avoir surfée : forcément, ça a un côté magique, c'est une super expérience !
Sans partir au bout du monde, ma dernière session grosse vague, c'était il y a un peu plus d'un mois, un spot qui s'appelle Basse Bouline sous le phare d'Eckhmül. C'était génial : il y avait un bon 4 mètres, on était 8 dans l'eau, que des stars locales (Thomas Joncour, Ian Fontaine, Ronan Chatain) et moi ! J'ai pris quelques vagues, peut-être pas les meilleures mais à mon petit niveau, c'était déjà chouette.
Un Spot fabuleux ?
Les spots bretons quand les conditions sont là, ils sont magiques parce qu'ils sont à toi, c'est chez toi ! Les meilleurs spots, oui c'est souvent chez toi quand il fait beau, que les vagues sont belles et que tu partages ces moments avec tes potes.
J'adore les spots qu'on a ici en Baie d'Audierne. Je ne suis pas un gars qui va se lever à 5 heures du matin pour aller faire du surf ou faire 150 km pour trouver La vague, je n'y vais pas coûte que coûte. C'est plutôt selon l'envie, si les vagues sont bien tant mieux, sinon tant pis.
Pour moi, le surf c'est une ambiance, un mode de vie, un sport à la cool, qui se vit tranquillement dans le partage, avec les potes. Quand on sort de l'eau, on se fait un bon barbecue. C'est ça pour moi, le surf : avant tout un état d'esprit !
Et côté matos ?
Je n'ai pas de matos high tech, dernier cri, je ne suis pas un bon client pour les ships ; A la maison, j'ai 8 planches, plutôt des planches rapportées de mes trips autour du monde. Quand je pars, je n'emporte pas de matos avec moi. J'en achète plutôt sur place, souvent d'occasion d'ailleurs, et je les rapporte ensuite. Du coup, elles ont toutes une histoire et ma plus vieille planche à 20 ans !
Mon gun, je l'ai gagné en compétition à Hawaï justement. C'était une compétition folklore mais j'ai quand même gagné une planche ! C'est un super souvenir, en revanche le gun est jaune fluo : dégueulasse ! Et cette couleur, c'est mon seul point commun avec Brice de Nice !