En atterrissant ce matin au large du cap Finisterre après une nuit à vive allure, Éric Péron a coché la première case de cet ARKEA ULTIM CHALLENGE - Brest. Avalé au portant en une grosse nuit, le golfe de Gascogne s’est montré clément pour toute la flotte, idéal même pour une mise en jambes où chacun a pu s’alimenter et se mettre dans le bain, après les émotions du départ d’hier, « un vrai supplice ! plaisantait Éric dans une vidéo envoyée à son équipe ce matin. Vous avez tout fait pour faire monter les larmes ! ».
Après les quelques empannages pour s’extraire de la mer d’Iroise hier après-midi où l'ULTIM ADAGIO défendait très bien ses chances en glissant bien sur les bons bords par rapport aux trimarans volants, Éric a vu ses concurrents irrémédiablement accélérer au fur et à mesure que le vent refusait et forcissait. « Ce sont des conditions où ils peuvent faire le trou tout suite mais je me suis préparé à ça », avait bien dit le Finistérien en songeant à l’entame de la course avant de quitter Brest hier. De fait, l'ULTIM ADAGIO accusait 100 milles de retard quand le leader Maxi Edmond de Rothschild abordait les côtes galiciennes.
De terrien à marin
Mais l’important dans ce premier round en terre connue est d’avoir retrouvé ses vieux réflexes de marin : bien anticiper le changement du gennaker dans le refus, surveiller la charge des batteries et démarrer la génératrice, refaire un tour d’horizon, être à l’écoute de tous les bruits, caler une sieste, et bien sûr veiller les cargos au radar et à l’AIS : « J’ai eu quelques soucis d’informatique qui m’ont obligé à rester en veille et c’était stressant de slalomer entre les cargos sans vraiment les voir mais ça s’est bien passé ».
Le DST* du cap Finisterre passé, il faut maintenant emmagasiner de l’énergie dans le petit dévent des hauteurs galiciennes car les prochaines heures vont voir la brise refuser et forcir avec beaucoup d’instabilité et une zone de molle à négocier au large du Portugal. Une navigation plus tactique, avec pas mal de manœuvres et de changements de voile, comme si la proximité des côtes faisaient répéter à Éric toutes ses gammes avant de le lâcher dans le grand bain vers les archipels de l’Atlantique : Madère, Canaries et Cap Vert, synonymes de températures à la hausse, … ce sera pour le milieu de la semaine.
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